Initiés par la Ville de Rouen en 2010,  les « Rendez-vous de la Cervelle » proposent des conférences tout à fait sérieuses qui mêlent hardiment savoir et convivialité. Une sorte d’université populaire joyeuse essaimée de dégustations et de happenings artistiques.

Cette année nous sommes ravis de vous retrouver en chair et en os dans la métropole rouennaise de janvier à juin !

Retrouvez également certaines conférences sur la chaîne Youtube des Rendez-vous de la cervelle

Présentation de l’édition 2022

 

la confusion générale

Tissés autour d’une thématique en filigrane, les sujets abordés aux rendez-vous de la cervelle émergent en général assez facilement tous les ans de l’air du temps comme une évidence, une fulgurance.

Cette année, pour la première fois dans l’histoire cervellienne l’air du temps s’est révélé muet ou plutôt bien trop bavard, enfin plutôt discordant. En effet, jamais n’a autant régné dans l’air une telle confusion ! Alors plutôt que de lutter en vent contraire, il a fallu l’admettre et s’incliner : notre thématique n’est pas confuse mais EST la confusion générale. 

Et si l’on se penche dans les racines de l’histoire comme nous avons coutume de le faire pour mieux cerner le présent, cela n’est pas si étonnant, c’est ce que les crises, les drames provoquent en général dans une société : des clivages, du repli, du dissonant, de l’extrême, du foutraque. Et le « nous en sommes en guerre » gagne vite la noosphère. 

Alors que serait-il bon de creuser dans nos cervelles aujourd’hui pour mieux comprendre et cerner les raisons de cette confusion ? En quoi les avancées technologiques, scientifiques nous enrichissent ou nous embrouillent-elles la tête et les relations ? Qu’est-ce qui nous algo-rythme ? 

Et surtout quelle voie pour retrouver du sens commun, un axe, du courage ? Mais pas du courage au sens héroïque et bravache du terme, non plutôt le courage de soi, du nous, de la nuance, ?

 

Lundi 31 janvier 2022 : Histoire de confusion générale

Retour sur des lendemains difficiles 

Sylvain Petit, professeur d’histoire émérite et associé

Centre André Malraux à Rouen

19 :30

Avouons-le tout net, l’époque est à la confusion générale. Les virus qui varient, une élection présidentielle à venir qui s’annonce  sans doute comme la plus foutraque jamais vécue,  le PSG qui nous désespère, le climat qui se réchauffe, les inégalités qui se creusent comme jamais : ne jouons pas les Cassandre, puisque personne ne la croit jamais, la pauvre, mais mettons-nous d’accord. C’est le foutoir, le bordel, le bazar, le chaos. Ce qui tombe assez bien, puisqu’aux Rendez-Vous de la Cervelle, nous le savons bien, le désordre n’est que le prélude à un arrangement inattendu des choses, qui se révèle à condition de s’élever comme nous savons si bien le faire, en nous plongeant dans l’Histoire, qui ne manque pas d’exemples de situations alambiquées et parfois désespérées.

Quels sont les exemples passés de confusion généralisée ? Aux lendemains des épidémies, des conflits sanglants, comment naît non pas l’ordre, que nous laisserons aux obsédés de la chose qui sont légion, mais une nouvelle organisation plus porteuse d’harmonie ? 

L’Histoire peut-elle nous rassurer ? Peut-être, à condition de la retirer des griffes des escrocs, et de la regarder bien en face, ensemble au Centre André Malraux le lundi 31 janvier à partir de 19h30 !

 

Lundi 28 février 2022 : sortir de la confusion:vite de la philo!

Vers un nouveau perspectivisme (écologique) ?

Avec Simon Parcot, philosophe, poète de sentiers

A l’Atelier 231, Sotteville-lès-Rouen

« Avec la crise écologique et la fin de la modernité, notre perception de la nature se transforme : elle ne peut plus être considérée comme un espace vierge, lisse et vide dans lequel nous serions les seuls êtres dotés de conscience. Au contraire, elle est en train de « devenir » un lieu fourmillant d’une multitude de sujets sensibles et conscients, les non-humains, avec qui il faut désormais co-habiter. Or, pour co-habiter, encore faut-il comprendre comment l’autre perçoit le territoire qu’il occupe. Et c’est là tout l’enjeu de la nouvelle diplomatie inter-espèces : se mettre à la place de, tenter d’endosser la perspective des non-humains sur le monde afin de créer les conditions de possibilité d’un dialogue. Aller un nouveau « perspectivisme » en quelque sorte, non plus des pensées et opinions, mais des corps et des manières d’habiter. Mais comment endosser la perspective de l’autre ? Est-ce possible ? Si oui, jusqu’à où ? En quoi consisterait ce perspectivisme des corps ? Quels seraient ses enjeux ? Quel type de réalité suppose t-il ? 

Jeune métaphysicien aux pieds ampoulés », Simon Parcot s’est formé à la philosophie à la Sorbonne et au travers de nombreux voyages. Actuellement professeur de philosophie en Arts Appliqués au Pôle des Arts Graphiques de Nantes, , il a écrit et auto-édité Revenir de l’Hiver, un carnet de bord poétisé retraçant une partie de mon pèlerinage sur Compostelle.

 

Lundi 28 mars 2022 : le courage de la nuance

Réparer la conversation

Jean Birnbaum, auteur et directeur du monde les livres

A la Halle aux Toiles

19:30

« Nous étouffons parmi des gens qui pensent avoir absolument raison », disait Albert Camus, et nous sommes nombreux à ressentir la même chose aujourd’hui, tant l’air devient proprement irrespirable. Les réseaux sociaux sont un théâtre d’ombres où le débat est souvent remplacé par l’invective : chacun, craignant d’y rencontrer un contradicteur, préfère traquer cent ennemis. Au-delà même de Twitter ou de Facebook, le champ intellectuel et politique se confond avec un champ de bataille où tous les coups sont permis. Partout de féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt qu’éclairer les esprits.

Jean Birnbaum veut apporter du réconfort à toutes les femmes, tous les hommes qui refusent la «brutalisation» de notre débat public et qui veulent préserver l’espace d’une discussion aussi franche qu’argumentée. Pour cela, il relit les textes de quelques intellectuels et écrivains qui ne se sont jamais contentés d’opposer l’idéologie à l’idéologie, les slogans aux slogans. En renouant avec de nombreux auteurs comme Albert Camus, George Orwell, Hannah Arendt ou encore Roland Barthes, ce n’est pas seulement trouver refuge auprès de figures aimées, qui permettent de tenir bon, de se tenir bien. C’est surtout retrouver l’espoir et la capacité de proclamer ceci : dans le brouhaha des évidences, il n’y a pas plus radical que la nuance.

Jean Birnbaum dirige Le Monde des livres. Il est l’auteur de plusieurs essais, et notamment d’Un silence religieux. La gauche face au djihadisme (2016, prix Aujourd’hui) et La Religion des faibles. Ce que le djihadisme dit de nous (2018, prix Montaigne).

 

Lundi 25 avril 2022 : LA CONFUSION NUMERIQUE


Fausses nouvelles : qu’est-ce qui nous algo-rythme ?

Victor Chomel, doctorant au CNRS

A la Maison de l’Université de Mont-Saint-Aignan (76)


Une polémique en chasse une autre. Après la question du réchauffement climatique est venue celle de la vaccination. S’il existe pourtant un consensus scientifique sur ces sujets, en ligne, le doute semble demeurer. Cette confusion numérique est accusée de gagner du terrain et d’accaparer les esprits en nous faisant entrer dans un monde de post-vérité. Mais qu’en est-il réellement ? 
Sortons la tête de nos réseaux et prenons du recul ! Grâce à des macroscopes, équivalents sociologiques du microscope biologique, nous pouvons désormais cartographier nos espaces numériques. De la place des algorithmes de recommandation au capitalisme d’influence en passant par l’industrialisation de la désinformation, décortiquons ensemble comment la confusion numérique se construit. 
L’enjeu est de redonner à chacun les outils nécessaires pour comprendre comment les plateformes numériques impactent nos vies et dérèglent nos démocraties.
Victor Chomel est en thèse à l’Institut des Systèmes Complexes de Paris Ile de France (ISCPIF), laboratoire du CNRS. Diplomé de l’Ecole polytechnique, il travaille sur les questions de désinformation en ligne dans le cadre du projet Politoscope cherchant à cartographier les débats politiques en ligne.

Le 30mai 2022 : LA CONFUSION GEOGRAPHIQUE

En finir avec le genre métropolitain ?

En partenariat avec Rouen, capitale culturelle de l’Europe 2028
A Clères,

Avec Guillaume Faburel, Professeur en géographie, urbanisme et science politique & La compagnie Mycelium.
Plaisantateur, Laurent Petit, psychanalyste urbain

On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur.
Jean-Louis-Auguste Commerson

Après ces deux ans de pandémie qui nous ont poussés à arpenter autrement nos espaces géographiques et à questionner en profondeur nos modes d’habiter, force est de constater que la confusion règne à toutes les échelles.

Bien que vantées dans l’ensemble des politiques, la métropolisation fait l’objet de critiques grandissantes et les grandes villes inspirent un rejet croissant, se traduisant par une multitude de réactions et résistances.

De la relocalisation des productions vivrières aux zones à défendre, des éco-lieux aux communautés critiques… des luttes et diverses « initiatives de l’alternative » produisent de nouveaux communs pour une transformation souvent radicale, écologique et sociale.

Dans cette séance exceptionnelle avec des rouennais en virée dans la ville de Clères, l’occasion sera, nous espérons fertile, pour s’interroger ensemble sur les nouveaux possibles que porte en elle cette société post-urbaine émergeant hors des grandes villes.
Guillaume Faburel est professeur en géographie, urbanisme et science politique à l’Université Lyon 2 et à l’Institut d’études politiques de Lyon. Auteur des Métropoles barbares et de Pour en finir avec les grandes villes, il mène depuis vingt-cinq ans des travaux de recherche sur les enjeux d’environnement, les formes d’engagement et de vie, et sur les effets sociaux, spatiaux et écologiques de l’aménagement.

Pour cette séance originale, un bus a été réservé pour vous amener jusqu’à Duclair et revenir ensuite à Rouen. Départ à 18h30 à la gare routière de Rouen – rue des Charrettes. Réservation pour le trajet en bus : 02 32 08 13 90 (dans la limite des places disponibles).

Le 28 juin 2022 : NOS CERVELLES COMPLOTENT- ELLES ?

Je crois donc j’en suis
Sylvain Delouvée, Maître de conférences en psychologie sociale

Dans les jardins de l’Espace Gramont, Rouen

Après avoir abordé la question des algorithmes et autres filtres qui orientent nos cervelles et nous enferment dans des bulles de pensées, que dire des interactions entre les facteurs sociaux et psychologiques qui influencent la pensée sociale, les croyances, les comportements dans des situations incertaines, risquées ou extrêmes ?
Comment savoir si ce que je sais est une connaissance ou une croyance ? Quelle différences et interactions existe-t-il entre nos peurs individuelles et nos trouilles collectives ?

Dans cette séance finale, après deux années de chamailleries sans précèdent dans nos différents groupes humains, nous nous pencherons ici ensemble non pas sur les théories du complot mais sur les motivations de ceux qui les produisent et les consomment et sur le lien qui existe entre l’adhésion à une croyance et sa transmission.

Enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’Université Rennes 2 s’intéresse plus particulièrement aux comportements et conduites dites irrationnelles à travers les théories du complot et les rumeurs.

EQUIPE PEDAGOGIQUE DES RENDEZ VOUS DE LA CERVELLE :

Rendez-vous conçus et imaginés par Fred Tousch et Fabienne Quéméneur

Désordonnatrice : Fabienne Quéméneur

Plaisantateur : Fred Tousch

Cuisinier.es résonateur.ices : Didier Phillipot (merci à l’Atelier 231) et Gwenaëlle Mendonça

Mise en monde: les Plastiqueurs

Production : Le Nom du Titre

www.lenomdutitre.com – rdvcervelle@lenomdutitre.com 

En partenariat avec l’atelier 231, la Maison de l’Université / Direction de la Culture de l’Université de Rouen Normandie , Rouen Capitale Européenne de la culture la librairie L’Armitière

Télécharger le programme de janvier à mars ici

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